C'est une série de dessins humoristiques, souvent en une planche, parfois un peu plus, qui vise à promouvoir le végétalisme (alimentation entièrement végétale) et l'anti-spécisme (remise en cause des privilèges de notre espèce par rapport aux autres) auprès des "carnistes" (ceux qui mangent de la viande). Cela fait beaucoup de mots en -isme, et cette façon d'étiqueter les gens ne peut pas, à la base, me plaire vraiment.

Cela dit, j'ai ressenti un peu de compassion pour Rosa B. quand elle explique, en page 77, que "depuis des années, elle essaie d'éduquer les gens à l'idée que les animaux sont des êtres sensibles qui ont des besoins, des désirs, qui veulent vivre leur vie (...)" mais que tous ses efforts ont eu "assez peu de succès".

Si ça peut la consoler, je pense que c'est le lot de beaucoup de gens qui oeuvrent pour des causes peu médiatisées. En tant qu'espérantophone, je n'ai jamais réussi à convaincre quelqu'un d'apprendre l'espéranto, et pourtant j'en ai parlé à des dizaines de personnes depuis environ vingt ans (famille, collègues, amis). Tout au plus, j'ai réussi à leur faire renoncer à leurs préjugés, mais jamais au point de les amener à faire l'effort (pour moi, vraiment minime) de démarrer un cours d'espéranto.

Je pense que la flemme, le conformisme, les habitudes, les craintes irrationnelles inconscientes, expliquent le statu quo de bien des causes pourtant argumentées, logiques et rationnelles.

Ce que ces vingt ans d'échecs m'ont appris, c'est qu'en moyenne, les êtres humains ont très peu de curiosité intellectuelle, ne sortent pas de ce qu'ils connaissent déjà, ne remettent que très difficilement en question ce qu'ils croient savoir, et sont incroyablement fainéants. Ils ont plus peur de devoir fournir un léger effort, ou d'essayer de changer quoi que ce soit dans leur vie, que de rester pour toujours dans le troupeau des ignorants. Faire partie du troupeau, propager les idées de Monsieur Tout le Monde et ne jamais vouloir chercher plus loin, ne jamais se faire sa propre expérience, pour moi c'est horrible, mais pour les autres, c'est la normalité.

Concernant "Insolente veggie", je mets 3 étoiles, donc juste au-dessus de la moyenne, par solidarité avec l'engagement militant de l'auteure pour une cause respectable, mais je ne peux pas mettre plus, parce que j'ai trouvé son style d'humour peu raffiné et que sur le fond, elle a recours à des arguments un peu tordus. Un gros défaut est qu'elle met tout le monde sur le même plan : j'en suis ressorti avec l'impression que si on n'est pas 100% d'accord avec elle, c'est qu'on est un con. C'est dommage, car si la cause défendue est importante, la forme employée pour la défendre n'est pas géniale du tout.

Ma note : 3 / 5