Ma soeur m'avait conseillé ce roman de Dan Franck (1952-) et de Jean Vautrin (1933-2015) quand j'étais adolescent, mais je ne l'ai lu que plusieurs décennies plus tard, et ne l'ai fini qu'avec beaucoup de patience et même d'abnégation, tant j'ai rapidement compris qu'il y avait des défauts inexcusables, qui allaient être présents jusqu'au bout.

Le premier problème concerne le style de l'écriture. Le roman a certes été écrit par deux écrivains, mais tout se passe comme si chacun des auteurs avait écrit ses chapitres, et qu'ils n'avaient pas fait un travail de relecture en commun pour unifier le choix du vocabulaire, des tournures de phrases, des descriptions. Le livre semble avoir été écrit rapidement, et je doute que les deux auteurs ont passé beaucoup de temps sur la relecture.

Concrètement, rares sont les chapitres réellement bien écrits, qui ne souffrent aucune critique. La plupart d'entre eux semblent être le travail d'un brillant lycéen, tant le vocabulaire est inutilement recherché, comme s'il y avait une volonté de «bien écrire», au détriment de la fluidité et de la simplicité des descriptions. Parfois, les phrases les plus simples sont les meilleures.

Le deuxième problème concerne l'histoire en elle-même, qui est comme son héros : elle ne tient pas debout. La quatrième de couverture nous apprend que l'ambition des deux auteurs était de renouer avec la grande tradition du roman d'aventures, un genre dans lequel il est habituel de devoir faire quelques concessions à la vraisemblance pour faire avancer l'histoire et embarquer le lecteur, ce dernier acceptant de sacrifier un peu la plausibilité des événements sur l'autel des émotions et du suspense (entre autres). Le lecteur attend un compromis acceptable, pas à être pris pour un idiot.

Or, dans «La dame de Berlin», il n'y a rien de vraisemblable (exemples : Boro va à Munich avec la voiture personnelle d'Ettore Bugatti, il fait un voyage en Zeppelin jusqu'au Brésil, il photographie Hitler complètement par hasard, il visite la Ligne Maginot). Tout ceci est tellement tiré par les cheveux qu'on ne peut pas croire une seule seconde aux émotions ressenties par les personnages, car ils n'ont aucun réalisme. Et donc, forcément, la lecture devient vraiment fastidieuse (j'ai mis 3 mois à le finir).

Bref, «La dame de Berlin» est un roman raté, qui aurait pu être nettement amélioré au niveau du style et de l'enchaînement des événements, pour atteindre le niveau d'un roman d'aventures respectable, c'est-à-dire des aventures auxquelles le lecteur peut croire au moins un minimum.

Ma note : 1 / 5