Sherman est donc un habitant fortuné de Manhattan, l'île au sud de New-York, qui semble rouler droit dans la vie, sur la file de gauche et plus vite que nous (en tout cas plus vite que moi). Un soir, ce qui devait arriver arrive : Sherman rate la sortie sur l'autoroute, et se perd dans "la jungle", c'est-à-dire dans le quartier du Bronx, situé plus au nord, où il ne va jamais.

La suite est une extraordinaire histoire new-yorkaise, ville dont toutes les couches sociales sont dépeintes avec précision et avec une ironie très plaisante, car elle reste au service de l'histoire. le roman est vertigineux et effrayant, montrant ce que peut rapidement devenir la vie d'un homme dans une ville où les écarts de revenus sont gigantesques et où le communautarisme crée des ghettos. La Justice peut-elle rester aveugle et maintenir l'égalité des citoyens devant la Loi quand des forces puissantes, telles que la presse et la politique, s'emparent d'un triste fait divers ?

Techniquement, le roman est excellent (rythme, découpage, profondeur), il n'y a guère que l'excès de description des vêtements portés par les personnes qui m'a un peu fatigué, car c'est vraiment systématique. Les personnages semblent plus vrais que nature, leurs ambitions et leurs vanités s'entrechoquent et une chose est sûre : certains s'y brûleront.

Citations :

  • Silvio di Ducci, qui vivait à New-York depuis l'âge de vingt-et-un ans, était le fils d'un fabricant de chaussures italien. Sa femme, Kate, était née et avait grandi à San Marino, Californie. Il était son troisième mari riche.