Du livre d'historien, il lui manque la rigueur, car aussi bizarre cela soit-il de la part d'un journaliste célèbre et de son frère, les auteurs n'ont pas jugé utile de fournir de référence bibliographique.

Après avoir dit ce que ce livre n'est pas, je dis ce qu'il est : c'est seulement une suite de portraits de flibustiers ayant tous réellement vécus, ordonnés chronologiquement, à raison d'une vie par chapitre. On peut y voir une sorte d'annuaire, car j'avoue qu'il y en a quelques uns dont je n'avais jamais lu le nom. Et l'intérêt, pour moi, s'arrête là.

Le problème fondamental de ce livre, c'est que chaque flibustier est traité à la manière d'un entomologiste qui examinerait au microscope divers spécimens d'insectes similaires. Une certaine lassitude s'installe bien vite, car les chapitres sont répétitifs. Pour faire rêver le lecteur, il ne suffit pas d'évoquer les embruns, la chaleur du soleil, l'odeur du rhum et celle de la poudre à canon. Tous les clichés de ce genre y passent, mais la narration échoue à plonger le lecteur dans chaque histoire, car elle revient toujours très vite à fournir des dates et des noms de villes pillées. On voudrait rêver, et on nous ressert une louche d'insectes morts à observer à la loupe. Quelle tristesse !

De même, la structure de ce livre, un chapitre par flibustier, rend impossible de s'attacher à eux, car même en supposant que cela serait possible (compte tenu de la nature sanguinaire de leurs "exploits", ce n'est pas gagné), on sait d'avance que ça ne servira à rien. Il y a un effet "recueil de nouvelles", qui oblige à se remotiver à chaque chapitre.

Pourtant, quelques uns de ces personnages ont collaboré lors de raids (Morgan et Oexmelin). Il y avait donc matière à changer parfois de mode de narration, comme donner le point de vue des deux sur les mêmes événements?

Bref, c'est un ouvrage décevant, dont j'attendais beaucoup plus en terme d'immersion et de capacité à faire voyager dans un autre monde. Un ouvrage dont j'attendais certainement trop, mais cette attente excessive n'excuse pas tout.

Citations :

  • Mieux encore quand Guillaume III, roi d'Angleterre, d'Ecosse, de France et d'Irlande, (...) (Chapitre XVI "Dernière balade pour William Kidd", p. 194)
  • Il s'appelle Jean-Bernard-Louis Desjean, mais c'est sous le nom du baron de Pointis qu'il retient l'attention. Né en 1645, il a trente-deux ans en ce début d'année 1697 (...).